Les douces violences : comprendre et agir pour le bien-être des enfants

Les douces violences, vous en avez peut-être déjà fait sans vous en rendre compte.

Vous avez déjà mis le bonnet d’un enfant sans prévenir, juste parce que « ça ira plus vite » ? Ou dit un peu trop vite « Allez, ne fais pas ton bébé » ?

Ces petits gestes et paroles anodins, souvent faits par habitude, peuvent pourtant blesser tout doucement le cœur de nos petites canailles.

Dans cet article, on va explorer ce que sont ces douces violences, comment elles se glissent dans notre quotidien, et surtout comment les repérer et les transformer.

Pas de culpabilité ici, juste de la conscience et l’envie de faire mieux chaque jour.

Qu’est-ce que les douces violences ?

Une violence… douce ? Oui, c’est bien un oxymore !
Ces gestes ou paroles ne partent pas d’une mauvaise intention mais ils peuvent laisser une petite trace invisible dans le cœur de l’enfant.

Le terme « douces violences » a été inventé par Christine Schuhl, formatrice, auteure et éducatrice montessorienne.

Selon elle, il s’agit de :

« toutes ces petites actions, ces paroles ou ces gestes où l’intention de l’adulte prend le dessus sur celle de l’enfant. »

Ces situations sont souvent courtes et banales mais leur répétition peut fragiliser la confiance de l’enfant ! 👶

Quelques exemples concrets :

• Gestes sans consentement comme enfiler un manteau sans prévenir ou retirer le doudou sans un mot.
• Paroles jugeantes ou comparatives telles que « C’est le mordeur de la salle » ou « Regarde, ta copine, elle, elle écoute ! ».
• Négligences émotionnelles par exemple laisser pleurer sans verbaliser, ignorer les émotions parce qu’on “n’a pas le temps”.

Ces micro-gestes passent souvent inaperçus pour l’adulte mais l’enfant, lui, les ressent pleinement.

Pourquoi et comment les douces violences apparaissent-elles à notre insu ?

Parce qu’on est humains
Fatigue, manque de temps, routines bien ancrées… et hop ! Sans s’en rendre compte, on agit en mode pilote automatique.

Notre besoin d’aller vite, de “bien faire” ou de “tenir le rythme” prend alors le dessus sur celui de l’enfant : explorer, tester, vivre à son propre tempo.

Le risque ? On passe du lien à la gestion de l’enfant. Et là, la magie relationnelle s’évapore un peu…

Conséquences des douces violences sur le développement de l’enfant

Allons maintenant voir ce qu’il se passe dans la tête de notre petite canaille.
Comme vous l’imaginez, ces douces violences ne sont pas sans conséquences sur le développement global de l’enfant.

En effet, le tout-petit, se sentant limité dans sa capacité d’exploration pourrait perdre confiance en ses capacités à expérimenter et apprendre par lui-même.

En l’empêchant de faire ses propres expérimentations, l’adulte réduit les opportunités d’apprentissage et peut le conduire à penser : « Je ne suis pas capable de ».

Son estime de soi peut être affectée, et il peut ressentir un manque de sécurité affective.

N’oublions pas que l’enfant absorbe les comportements autour de lui : au cours de son développement, il peut percevoir ces subtiles interactions comme normales et être ainsi plus enclin à les reproduire à mesure qu’il grandit.

Que nous apprennent les neurosciences à ce sujet ? Lorsqu’un enfant fait l’expérience de ces interactions subtiles, il produit du cortisol, également connu sous le nom d’hormone du stress.

Cette hormone peut ralentir les apprentissages et limiter le développement de l’enfant. 🧠

Comment repérer et limiter les douces violences ?

Voici le test express du parent ou professionnels conscient

Posez-vous ces trois questions :

1. Ai-je prévenu l’enfant avant d’agir ?
2. Est-ce pour son bien ou juste pour gagner du temps ?
3. Et si on me le faisait, comment je le vivrais ?

Si deux réponses sur trois vous font grimacer… petite alerte douce violence.
Pas de panique ! C’est justement la prise de conscience qui ouvre la porte au changement.

9 astuces concrètes pour agir autrement

1. Observer avant d’intervenir : prenez dix secondes pour regarder ce que fait l’enfant.
2. Verbaliser : dites-lui ce que vous allez faire « Je vais te mettre ton bonnet, d’accord ? »
3. Donner le choix : « Tu veux mettre le manteau rouge ou le bleu ? »
4. Ritualiser les transitions : une chanson, une comptine, un geste repère… ça rassure !
5. Formuler positivement : remplacez « Ne cours pas ! » par « Marche doucement. »
6. Proposer une alternative : « Tu n’as pas envie de ranger ? On le fait ensemble alors ! »
7. Laisser expérimenter : oui, ça peut être un peu salissant… mais c’est de l’apprentissage vivant !
8. Réparer après coup : si on a été brusque, s’excuser, expliquer et montrer l’exemple.
9. Faire une pause adulte : trois respirations, un sourire… et on repart.

Bonus : l’enfant se sent alors acteur de ses gestes, écouté et valorisé.